Dispositifs de surveillance – vue d’ensemble

Les flics et les agences de renseignement utilisent parfois des dispositifs de surveillance physiques cachés – microphones, caméras, balises de localisation – pour espionner des individus ou des groupes pratiquant des actions subversives. L’objectif de cette page est de donner un aperçu rapide de ces dispositifs en répondant aux questions suivantes :

Notez que notre but n’est pas de décrire tous les dispositifs de surveillance existants – comme ceux utilisés pour espionner les grandes entreprises ou les gouvernements. Nous nous intéressons uniquement aux dispositifs que nous pensons susceptibles d’être utilisés contre des individus ou des groupes pratiquant des actions subversives. Les dispositifs ou fonctionnalités que nous pensons peu susceptibles d’être utilisés dans notre contexte sont indiqués comme « hors cadre » ci-dessous.

Les informations ci-dessous sont basées sur nos propres recherches. Nous avons notamment utilisé notre liste de dispositifs retrouvés, et les nombreuses spécifications techniques disponibles dans notre liste d’entreprises. Il s’agit d’une rapide vue d’ensemble, et chacun des sujets ci-dessous pourrait être couvert de manière beaucoup plus détaillée. Un jour, on devrait publier une brochure plus complète dans ce but.

Quand sont-ils installés ?

Il semble que la dissimulation de dispositifs de surveillance physiques soit utilisée par les flics lorsqu’ils veulent recueillir des renseignements sur des individus ou des groupes spécifiques, et que les méthodes traditionnelles – surveillance physique, surveillance des téléphones et des connexions Internet, etc – ne sont pas assez efficaces.

Les dispositifs peuvent être installés pour la surveillance à long terme d’un lieu ou d’un véhicule, auquel cas ils peuvent rester en place pendant des mois ou des années avant d’être retirés par les flics – ou dans certains cas, d’être trouvés par les personnes surveillées. Ils peuvent également être installés pour la surveillance à court terme d’événements spécifiques.

Dans de nombreux pays, l’installation de ces dispositifs est réglementée par la loi et doit être autorisée par un juge. Bien sûr, comme on le sait, souvent les flics ne respectent pas la loi.

Où sont-ils cachés ?

Dans des bâtiments

Des micros retrouvés à l’intérieur d’une prise électrique à Bologne, Italie, en janvier 2018

Des microphones et des caméras cachés peuvent être installés dans des bâtiments pour enregistrer le son et l’image de ce qui se passe à l’intérieur. Ils peuvent être installés aussi bien dans des maisons personnelles que dans des espaces collectifs. Des dispositifs cachés ont été trouvés à l’intérieur d’objets reliés aux murs, tels que des prises électriques, des lampes, des bouches d’aération, des multiprises, des interphones et des compteurs électriques. Certains ont été trouvés cachés à l’intérieur de meubles – dans un ampli, une télévision ou une hotte de cuisine. Un autre a été trouvé au-dessus d’un faux plafond. Et dans un cas, un dispositif a été trouvé à l’intérieur d’un mur – le trou percé dans le mur pour installer le dispositif avait été recouvert de mortier.

Les dispositifs de surveillance peuvent également être installés à l’intérieur de bâtiments proches du lieu mis sous surveillance. Généralement, ces dispositifs sont installés derrière des fenêtres, ce qui leur permet d’enregistrer l’image et/ou le son du lieu surveillé, de sa porte d’entrée, ou du chemin qui y mène.

Dans des véhicules

Des micros et une balise GPS retrouvés dans la boîte à fusibles d’une voiture à Lecce, Italie, en décembre 2017

Des microphones et des dispositifs de surveillance par localisation peuvent être installés dans tous les types de véhicules – voitures, camions, motos – pour enregistrer le son de ce qui se passe dans le véhicule, et sa localisation.

Ils peuvent être installés dans des parties du véhicule accessibles de l’extérieur, parfois fixés à l’aide d’aimants. De tels dispositifs cachés ont été découverts fixés sous des véhicules, à l’intérieur d’une roue ou dans le support d’une roue de secours, sur un pare-chocs arrière, derrière la grille du klaxon ou derrière la grille de ventilation de la batterie d’un véhicule.

Ils peuvent également être installés à l’intérieur du véhicule. Des dispositifs ont ainsi été découverts entre la carrosserie et le revêtement intérieur, à l’intérieur du plafond de la voiture – notamment dans la partie du plafond qui abrite la lumière intérieure, dans les bouches d’aération intérieures, à l’intérieur des têtes des sièges des passagers, ou sous le tableau de bord – notamment derrière l’indicateur de vitesse ou dans la boîte à fusibles.

Autres

Des microphones et des caméras cachés peuvent également être installés à l’extérieur. En milieu urbain, des dispositifs cachés ont été découverts dans les rues entourant des lieux mis sous surveillance, notamment à l’intérieur d’un faux boîtier électrique ou à l’intérieur d’un faux caillou. En milieu rural, des dispositifs ont été trouvés cachés parmis la végétation.

Comment fonctionnent-ils ?

Alimentation électrique

Les dispositifs de surveillance cachés ont besoin d’une alimentation électrique. L’alimentation peut être fournie soit par une batterie, soit par le système électrique du bâtiment ou du véhicule dans lequel le dispositif est installé. Parfois, les deux sources d’énergie sont présentes.

Les dispositifs ne sont pas nécessairement allumés en permanence. Certains microphones cachés peuvent ne s’allumer que lorsqu’il y a du bruit. Certaines caméras cachées peuvent ne s’allumer qu’en cas de mouvement grâce à un capteur infrarouge. Certains dispositifs de localisation installés sur un véhicule peuvent ne s’allumer que lorsque le véhicule est en marche, ou seulement lorsqu’il est en mouvement, grâce à un capteur de mouvement. Ces fonctionnalités sont utiles à la fois pour économiser la batterie si le dispositif est alimenté par une batterie, et pour rendre plus difficile la détection du dispositif.

Hors cadre :

  • les dispositifs utilisant des sources d’alimentation moins traditionnelles, comme le Power over Ethernet (PoE)
  • les dispositifs utilisant des capteurs moins traditionnels pour ne s’allumer que dans des conditions spécifiques, tels que les capteurs de vibrations, les capteurs de pression, les capteurs magnétiques et les capteurs « trip wire »

Collecte de données

Son

Les dispositifs cachés peuvent enregistrer le son à l’aide de microphones.

Hors cadre :

  • les dispositifs qui mettent directement sur écoute les téléphones fixes
  • les dispositifs utilisant des techniques d’enregistrement sonore moins traditionnelles, tels que les microphones optiques, les microphones de contact et les « microphone arrays »

Image

Les dispositifs cachés peuvent enregistrer des images à l’aide de caméras. Certains dispositifs incluent des caméras infrarouges, capables de « voir dans le noir ».

Localisation

La façon la plus courante pour les dispositifs installés sur un véhicule d’enregistrer la position du véhicule est d’utiliser le Global Positioning System (GPS), ce qui leur permet d’obtenir leur propre position presque partout à la surface du globe, sans transmettre de données. Si un dispositif est équipé d’une carte SIM, il peut également se connecter au réseau de téléphonie mobile, et obtenir sa propre position en utilisant comme référence les tours de téléphonie mobile auxquelles il se connecte.

Hors cadre : les dispositifs qui envoient des signaux sur des fréquences radio, de sorte que les signaux sont reçus par les flics à proximité (généralement en train de suivre le véhicule placé sous surveillance dans leur propre véhicule) et utilisés pour estimer l’emplacement du dispositif.

Autres

Hors cadre : dispositifs qui peuvent être connectés à un clavier d’ordinateur, ou cachés à l’intérieur de celui-ci, pour enregistrer les touches tapées au clavier.

Récupération des données

Dispositif équippé d’une carte SIM retrouvé en Italie an août 2019

Les données collectées par un dispositif de surveillance caché doivent être récupérées à un moment donné par les flics. Les données collectées par un dispositif peuvent être récupérées par le biais du réseau de téléphonie mobile si le dispositif est équipé d’une carte SIM. Elles peuvent également être récupérées par le biais de signaux envoyés par le dispositif sur des fréquences radio. Cette technique nécessite qu’un autre dispositif, un récepteur, soit présent à proximité pour recevoir les signaux – le récepteur peut être caché dans un autre bâtiment ou dans un véhicule appartenant aux flics par exemple.

Souvent, les dispositifs disposent d’une mémoire interne, par exemple une carte SD, leur permettant de stocker les données collectées, de sorte qu’il n’est pas nécessaire de les récupérer en continu. Dans ce cas, les données peuvent n’être récupérées qu’à des moments précis, par exemple lorsque les flics contactent le dispositif par le biais du réseau de téléphonie mobile afin de récupérer ses données. Cette fonctionnalité peut rendre les dispositifs plus difficiles à détecter.

Hors cadre : les dispositifs utilisant des techniques de transmission de données moins traditionnelles, comme l’accès physique aux dispositifs pour récupérer leurs données, la transmission de données par Wi-Fi, par Ethernet, ou par une connexion directe par satellite (par exemple à la constellation de satellites Iridium), ou l’utilisation de la communication par Courants Porteurs en Ligne (CPL).

Comment les trouver ?

Prise électrique démontée dans laquelle un micro a été trouvé à Lecco, Italie, en octobre 2010

Tout d’abord, les dispositifs peuvent être trouvés en les recherchant manuellement dans le lieu, le véhicule ou l’environnement extérieur soupçonné de contenir des dispositifs de surveillance cachés. Si l’on soupçonne que des dispositifs ont été installés récemment, il peut être utile de chercher des choses qui ne sont pas à leur place : des meubles qui ont été déplacés ou des parties de mur qui ont légèrement changé de couleur (ce qui pourrait indiquer qu’un trou a été percé puis recouvert). Il peut être utile d’avoir des outils adaptés, par exemple pour démonter les prises électriques d’un bâtiment ou pour démonter l’intérieur d’un véhicule. Si un dispositif est trouvé, il est important de ne pas s’arrêter là : d’autres peuvent être présents !

De plus, des appareils de détection peuvent être achetés dans des magasins spécialisés ou sur Internet. Ces appareils comprennent :

  • les détecteurs de fréquences radio (« radio frequency detectors » en anglais), pour détecter les dispositifs en train de transmettre des données sur des fréquences radio au moment de la détection
  • les détecteurs de lentilles de caméra (« camera lens detectors » en anglais), pour détecter les caméras

Les équipements professionnels – analyseurs de spectre, détecteurs de jonctions non-linéaires, systèmes d’imagerie thermique – peuvent être plus efficaces, mais ils sont très coûteux. Il est également possible de payer une entreprise spécialisée pour rechercher des dispositifs cachés, mais c’est aussi très coûteux, et ce genre d’entreprises a parfois des liens étroits avec les autorités locales.

Hors cadre : dispositifs utilisant des techniques de détection de découverte, tels que les dispositifs utilisant des capteurs de lumière pour détecter par eux-mêmes quand ils sont découverts et alerter les flics de la découverte.